C’est au pied de la montagne de Força Réal, (507m d’altitude) sur son versant Nord-Ouest, à quelques centaines de mètres de la frontière du Pays de Fenouillèdes, que se niche le village de MONTNER. Accroché à un éperon rocheux de schiste, il est également dominé majestueusement par le Mont Canigou (2785m d’altitude), montagne sacrée des Catalans.
Il se situe légèrement à l’écart de la route transversale reliant les vallées de l’Agly et de la Têt, d’Estagel à Millas.
La première mention du lieu date de l’an 959, mais le village primitif se situait au lieu-dit «L’iglésia vella » et se nommait alors « MONTENIGRO », en français mont noir , ce qui correspond à la couleur sombre de la montagne (Puig de Montner), là où le sous-sol contient des affleurements de minéraux ferreux.
Selon les documents historiques, MONTNER existait bien avant que ne soit bâti le château de Força Réal, qui sera élevé vers 1250 : le lieu se nomme alors Mons de MONNERIO en 1211, MONNER en 1240, castrum et MONNERIO en 1275, MUNNER en 1632. La seigneurie de Montner semble avoir été fortement perturbée au cours des siècles, si l’on en croit la table chronologique.
Du XIVè au XVIIIè siècle, les familles seigneuriales se succèdent sans qu’il y ait de liens entre elles, probablement à la suite de ventes ou de cessions. Dans cet intervalle, les multiples invasions poussent la population à rechercher la protection du seigneur, et le village s’installe autour des remparts du Château et son actuel emplacement.
Montner appartenait, au Moyen-âge, à une famille de Perellos : Jaume-Seguer de Perellos en était alors le seigneur. La famille de Perellos a joué un rôle important dans l’histoire du Roussillon médiéval, obtenant de nombreux honneurs. Ainsi, Ramon de Perellos fut élevé au rang de vicomte en 1391. Son vicomté comprenait entre autres les lieux de Millas, Céret, Montner, puis Rodès et Llo (1393), ainsi que d’autres fiefs plus petits comme Opoul-Périllos. Il était aussi vicomte de Roda, aujourd’hui en Catalogne espagnole.
Le Château de Montner, cité en 1275 a totalement disparu. Nous savons qu’il se trouvait à l’emplacement de l’église actuelle. D’après les documents d’archives, il a été opérationnel du XIII è au XVIII è siècle. Des pierres sculptées en réemploi ont été mises à jour dans l’un des piliers de la nef. Adossée au mur nord de l’église St-Jacques actuelle, se trouvait la cour du château qui jouxtait la maison dite « du serment du jeu de paume »(le roi Louis XIV ayant interdit aux seigneurs l’accès à la salle des menus plaisirs, ils se réunissaient dans la salle du serment du jeu de paume) celle-ci surplombant la " prison". De l’autre côté se trouvait la « cour du château », avec une citerne. Tout autour de l’église, les maisons se déroulent encore en hélicoïde, suivant le tracé des remparts.
Le Château de Força Réal était construit sur un piton schisteux surplombant tout le Roussillon. Du haut de ses 507 m d’altitude, la vue s’étend du cap Béar (Port-Vendres) jusqu’à Leucate, avec un panorama s’étalant de la Vallée de l’Agly à celle de la Têt. C’est sur cet emplacement stratégique que les comtes du Roussillon bâtirent une tour à signaux en rapport avec celle de Tautavel, la Torre Del Far. Jusqu’au XVIIè siècle, Força Réal représentait un bastion militaire important : après le traité de Corbeil de 1258, les nouveaux maîtres du Roussillon, les Rois d’Aragon puis de Majorque, construisirent un château pour compléter la ligne de défense des forteresses de Salses et d’Opoul.
La frontière entre France et Aragon passait entre Latour de France et Montner, jusqu'au traité des Pyrénées. Témoin, au lieu dit " Roque d'en Talou", le rocher servant de borne frontière, gravé sur l'un des côtés aux armes de la maison de Montesquieu, seigneur de La Tour de Triniach (Latour de France), de l'autre, de la croix des Rois d' Aragon( croix pattée) .
Le Traité des Pyrénées (1659), modifiant la frontière entre France et Espagne, rendit caduques les installations médiévales de Força Réal ; et commença alors une lente dégradation : le Château et la Tour tombèrent en ruines.
L’histoire de l’Ermitage de Força Réal commence le 19 avril 1693. C’est à la Baronne de Montclar, veuve de Don Joseph Pons de Montclar, seigneur de Millas, que l’on doit la fondation de la chapelle de Força Réal : par acte de concession, elle fut construite par le révérend François Bobo, prêtre de la paroisse de Pézilla, sous l’invocation de la Bienheureuse Vierge MARIE de Força Réal. La tour à signaux, presque totalement disparue, devint l’abside de la chapelle(lieu de différents pèlerinages).
Aujourd’hui encore, atteindre Força Réal et son splendide panorama, en empruntant le sentier « Chemin de Véronique », permet de profiter des trésors naturels comme historiques.